Stopper doucement les gaz à effet de serre ?

« Stopper doucement » ! une provocation pour qualifier le mécanisme de compte carbone qui va freiner efficacement les gaz à effet de serre, mais doucement grâce à sa progressivité !

La baisse des émissions de CO2, la responsabilité individuelle, la souplesse et régulation du système, l’engagement des entreprises et services publics… peuvent être considérés comme quatre points-clé du mécanisme de compte carbone.

Ce n’est pas un hasard s’ils sont repris des conclusions des Assises du Climat (février – avril 2021) qui révèlent quatre critères d’efficacité des mécanismes de résolution du chaos climatique :

  • garantir la réduction chaque année des gaz à effet de serre, sans faire des promesses à 10 ans ou 30 ans
  • intégrer toutes les sources de gaz à effet de serre, en émissions sur le pays mais aussi en achats de marchandises et services qui ont produit des gaz à effet de serre dans leurs pays de production
  • assurer la justice sociale en rémunérant la sobriété des plus modestes
  • impliquer tous les acteurs.

Il en résulte un mécanisme (budget carbone égalitaire confortable au début) qui limite de 6% chaque année l’empreinte climatique dont est responsable la France, en intégrant toutes les responsabilités y compris des entreprises et des administrations publiques qui sont obligées par les consommateurs, et en régulant et encadrant les échanges de points carbone entre excédentaires et déficitaires (pauvres et riches) par une autorité robuste (par exemple une Agence carbone) pour limiter réellement les surconsommations.

Cela est nécessaire en raison des disparités observées : si la moyenne nationale est environ 9000 kgCO 2/an/personne, les 10% les plus riches sont à 25 000 et les 50% les plus modestes à environ 5000, de sorte que plus de 65% des français se trouvent bénéficiaires avec le quota moyen ( étude de l’équipe de Lucas Chancel novembre 2021).

L’échange entre déficitaires et excédentaires est nécessaire pour ne pas être anticonstitutionnel.
Plusieurs partenaires affirment que l’échange sera régulé pour vraiment limiter l’empreinte carbone des plus riches. La réduction de 6% chaque année aura l’effet attendu, quels que soient les mécanismes de régulation mis en place. L’autorité en charge de cette régulation peut être une agence paritaire nationale comme le propose l’ Agence carbone. À chaque paiement, le commerçant est connecté (par carte spécifique ou bancaire ou vitale) au compte carbone de son client qui lui envoie les points carbone spécifiés, le commerçant a besoin de ces points carbone pour ses fournisseurs et fabricants et services.
À partir du lancement il faudra quelques mois pour l’étiquetage de tous les produits et services en contenus carbone, la première année sera basée sur les valeurs de l’ Ademe qu’on retrouve dans le Carbomètre, dans l’application Lightfoot, l’application Karbon ou encore dans le suivi Greenly.

Dès la seconde année, les commerçants recevront les factures de leurs fournisseurs en euros et carbone, il leur sera aisé (avec les logiciels de caisse mis à jour) d’affecter la vraie valeur carbone à tous leurs produits et services.

Le mécanisme de plafonnement progressif par le compte carbone permet d’entrevoir et même garantir la sortie du péril  de terre-étuve décrit par Will Steffen et al.

La Terre Étuve c’est ce que garantissent les scientifiques  si nous ne prenons pas le virage au point B (bien avant d’atteindre les 2°C).

Les jeunes ont besoin d’un futur et sont, pour la plupart, anxieux de ne pas voir venir de décisions sérieuses de la part des adultes pour rétablir l’équilibre de la planète.

C’est qui le patron… du climat !!!

Un des principes du compte carbone est de laisser choisir chacun, ce qu’il préfère et ce qu’il réduit !

Voyons ce film d’anticipation d’une minute :

La grand-mère du film nous dit bien comment elle est obligée de prendre l’avion, mais son compte carbone l’amène à y regarder de plus près, économiser sur la voiture et les vêtements.

Un ami est passionné de moto et s’inquiétait de devoir la revendre car il n’aurait plus droit de rouler, nous avons calculé rapidement son bilan carburant avec le Carbomètre : sa BMW 1200 consomme 3.7 litres/100 et ses 15 000 km par an occasionnent 1554 kg CO 2, il lui reste plus de 5000 même en 2035, ça roule ! Et même des modèles moins gourmands seront proposés par les fabricants (stimulés par le bas-carbone).

Le compte carbone c’est d’abord valoriser la sobriété forcée des plus modestes, ce n’est pas l’envie de se déplacer qui manque mais les limites budgétaires et les choix de vie ; il ne faut pas « gaspiller sa vie pour la gagner » diraient certains.

Pour répartir la décarbonation entre tous les citoyens, les plus modestes bénéficient des besoins de carbone des plus riches, à un cours du carbone qui sera de plus en plus élevé selon les restrictions convenues : supposons une famille qui a un excédent de 20 000 kg CO 2 (la moitié de son budget annuel), à 10 centimes d’€ le kg cela lui procure 2000€ sur l’année. (6000 dans quatre ans si la pression de plafonnement fait tripler la valeur, on parle de décupler rapidement)…

200€ par mois c’est utile pour arrondir la fin de mois et mettre du beurre (décarboné) dans les épinards. On parle alors de revenu universel de sobriété…

Résoudre la fin du monde et la fin du mois d’une pierre deux coups !

Comme dit Fanny :