Nous sommes au lendemain du jour du dépassement calculé cette année au 1ᵉʳ aout.
Jour du dépassement des capacités planétaires : l’ONG américaine Global Foot Print calcule chaque année la consommation de ressources par les humains qui en 1971 correspondaient à la capacité planétaire. Depuis lors, chaque année, nous voyons se raccourcir la durée annuelle d’auto-capacité de la planète, cette année, nous consommons depuis hier des ressources que la planète ne peut renouveler cette année. Nous avons dépassé ce que peut nous fournir la planète en un an.

Emballement surprise du carbone. 

Le 29 juillet la conférence internationale sur le cycle du carbone tenue au Brésil, a sonné l’alarme de la perte de capacité d’absorption du carbone par les forêts du monde. 
L’article de Audrey Garric dans Le Monde en fait un point détaillé.  
C’est la 11e conférence, cette ICDC 11, prévue pour 2021, elle avait été reportée pour raison de pandémie, elle vient de se tenir à Manaüs jusqu’au 1er août avec des centaines de scientifiques de tous continents.  Le rapport préalable sur l’état du monde y était discuté entre pairs, il a été présenté de façon informelle par Philippe Ciais (Université Paris-Saclay et Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement) et Josep Canadell du Global Carbon Project, pour en révéler l’essentiel.   

En 2023 les forêts et espaces verts du monde n’absorbent plus que 2 milliards de tonnes de CO2 par an (intégrant les diminutions par déforestation), alors que sur le site du compte carbone nous reprenions les chiffres du Global Carbon Project sur la décennie précédente à 10 milliards de tonnes de CO2 absorbé par les forêts et végétaux. 
Pourquoi 5 fois moins ? 
Les scientifiques sont eux-mêmes interrogatifs devant ce mystère. De plus, d’autres warnings s’allument sur la fonte du Pergélisol. 
Est-ce le phénomène El Niño ? probablement pas, car il a des effets positifs et négatifs qui s’annulent et le phénomène n’a démarré que tardivement en 2023.  
Au contraire, ils pointent la fragilisation des arbres qui sont de plus en plus soumis aux incendies et à de plus en plus de parasites et qui subissent les sécheresses dans le monde entier. Par exemple, par les phénomènes de sécheresse la forêt d’Amazonie a produit plus de CO2 qu’elle n’en a été absorbé.   

L’objectif « deux tonnes » à revoir en objectif « une tonne » ?   
Le GIEC nous a prévenu qu’il faut absolument être à l’équilibre en 2050, soit ne pas produire plus de gaz à effet de serre que la nature ne peut en absorber. Sans cela, les cycles naturels de la planète deviennent incontrôlables et l’habitabilité devient problématique. 
Pour 10 milliards d’humains en 2050, admettant que les forêts absorbent 10 et les océans 10 (les océans étaient à 11 milliards de tonnes de CO2 sur la décennie précédente, mais les océans étant de plus en plus chauds absorbent moins), ce total de 20 milliards de tonnes de CO2 a conduit la communauté scientifique à admettre qu’il ne faudrait pas dépasser deux tonnes de CO2 par humain par an.   
Si la tendance observée cette année se poursuit, c’est seulement 10 milliards de tonnes qui pourraient être absorbées ! Et bien sûr, on en déduit vite qu’on ne pourrait pas dépasser une tonne par personne et par an dans le monde si nous sommes 10 milliards ; cela modifie beaucoup les équilibres mondiaux puisque actuellement (en 2020) seulement 72 pays sont à un niveau supérieur à 2 tonnes par personne et par an, mais, à une tonne, 90 % des pays du monde dépassent ce nouveau seuil et donc les efforts sont à faire dans tous les espaces mondiaux. 
Faut-il revoir notre proposition de descente carbone à 6 % par an ?   
Oui il serait prudent d’annoncer tout de suite 10 % de moins par an, mais c’est un remède de cheval, qui fait tiquer même les plus conscients ?  Un risque de non acceptation de notre proposition ?

Rappelons le mécanisme initié par Pierre calame dans son livre  du Traité d’œconomie (2009): les quotas carbone individuels permettront de partager entre tous, les efforts de réduction des gaz à effet de serre.  Le principe maintenant appelé compte carbone depuis la Convention citoyenne du climat en 2020, propose de distribuer à chaque citoyen une dotation de monnaie carbone (égale à la moyenne du pays) pour payer les contenus carbone de tous achats de produits et services, dotation de 9t au départ (9000 points carbone) renouvelée chaque année avec 6% de moins pour atteindre 2 tonnes en 2050. 
Son objectif est de donner le pouvoir aux consommateurs (grâce à l’étiquetage permettant de choisir les produits moins carbonés) pour stimuler les entreprises à décarboner leurs produits et services. 

Par la dotation égalitaire et connaissant les disparités relevées par Lucas Chancel et Thomas Piketty, le mécanisme permet de récompenser les plus modestes en rationnant les plus riches. 

En effet, les plus modestes peuvent monnayer leurs excédents dans des guichets locaux où les riches seront demandeurs de surplus. Les entreprises seront stimulées à décarboner et produire localement puisque le transport est le plus carboné des postes, l’effet sur l’emploi serait alors manifeste.
 
Garder 6% affiché depuis 2020 est signe de constance

  Partant de 9t la réduction annuelle de 6% aboutit à 2t au bout de 26 ans et elle aboutit à une tonne au bout de 36 ans. Garder 6% permet de rester prévisible pour que les entreprises élaborent leurs plans de descente carbone et pour que le mécanisme d’étalement que nous proposons reste fiable.  

Faut-il baisser les bras devant l’emballement qui se manifeste ?
Beaucoup sont tentés d’abandonner la lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, c’est de plus en plus urgent, il faut solliciter la Commission européenne pour basculer sa politique vers les citoyens comme le propose la campagne de compte carbone d’avion https://air-quotas.eu : démarrer le pouvoir climatique aux consommateurs par le contrôle de transport aérien et de jets privés est le plus symbolique pour démarrer en douceur.

Belle audience le 28 juillet !
Au second festival de la décroissance, nous avons débattu avec Marie Gaborit, la fondatrice de Toovalu, la compagnie spécialiste de la comptabilité analytique du carbone. En fait de débat, c’était davantage une coopération, elle répondant sur les questions pour les entreprises, et le compte carbone étant questionné pour les effets sur les citoyens. Chemin faisant, des participants nous ont commandé trois débats dans l’ouest de la France.

Nous avons soumis avec succès des centaines de grilles d’empreinte vite-fait : par calcul mental rapide, chacun évalue son empreinte carbone, amusez-vous avec sa copie ici et un bout de papier pour noter vos cases.

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