Synthèse du colloque du partage climatique et social le 1er décembre 2022.

Le premier article est paru dans la Dépêche AEF ICI

Plus de 10 intervenants ont apporté leur contribution à cette grande question : comment garantir l’équilibre climatique en 2050.

C’est aussi le colloque des alliés du compte carbone qui contribuent chacun à leur façon à l’émergence de cette voie de la garantie de résultats, en opposition à la voie de l’incitatif portée par le lobby de la taxe carbone.Le colloque a bénéficié de la contribution pragmatique des entreprises qui se battent pour plus de responsabilité. Enfin le colloque a conclu sur les deux questions du sous-titre : oui il faut conjuguer les réponses climatiques et sociales dans le partage et oui il faut que l’ensemble des Français le valident dans un référendum national qui ait force de résultats pour les 30 ans à venir.
L’animation du colloque a été assurée par Magalie Viallon, du comité42 de Saint-Étienne où elle anime aussi le  Collectif pour une transition citoyenne 42. Valérie Cohen a animé les discussions des participants en visio, avec l’équipe technique de Nadira et Cyril qui ont souffert d’un problème logiciel de dernière minute.En introduction Pierre Calame s’appuie sur le film documentaire de fiction qu’a créé BFM TV le 14 novembre et que tous les participants ont été incités à revoir (  replay).

Pierre Calame conclue son appel à un grand débat public par trois propositions d’action :
Ce débat public doit réunir trois conditions :
1-une convention citoyenne dont le mandat serait : « quelles politiques adopter pour que l’empreinte écologique de la société française soit divisée par cinq d’ici 2050 et quelle obligation de résultat doit être annuellement fixée au gouvernement pour y parvenir ? »
2-un engagement des partis politiques à susciter un grand débat public sur ces bases et à y apporter leurs propres réponses ; le choix de la forme politique à donner aux conclusions, loi ou referendum ;
3-un consortium de médias s’engageant à nourrir la réflexion citoyenne durant toute l’année 2023.


Armel Prieur rappelle en tant que co-porte-parole des alliés du compte carbone que ce mécanisme
s’appuie sur UN objectif DEUX principes NEUF règles et qu’il est stimulé par CINQ avantages.
Un objectif, garantir l’équilibre climatique et planétaire en 2050 et au-delà.

Deux 
principes : 1-donner à tous les citoyens une dotation égalitaire de points carbone pour couvrir tous achats de produits et services, dotation qui diminuera doucement de 6% par an. Car 30 fois 6% amèneront à l’équilibre climatique en 2050 comme le demande le GIEC si nous voulons éviter que la planète ne devienne inhabitable ;
2
-simultanément, les entreprises devront compter et imputer à leurs clients tout le carbone utilisé dans leurs activités et productions, condition nécessaire à l’étiquetage et la transparence.
Neuf règles : 1- 9000 kg eqCO2 à chaque citoyen
2- toutes entreprises concernées y compris associations
3- registre carbone pour chaque personne morale (entreprises)
4- une agence carbone à la gouvernance robuste
5- compte d’étalement pour investissement, pour particuliers et entreprises
6- revenu universel de sobriété par échange de points carbone
7- renouvellement annuel à moins 6% (ou plutôt 94%)
8- Experts-comptables et commissaires aux comptes
9- tout besoin vital couvert sans rachat

Cinq avantages :

Pour le volet social, nous avons eu la chance d’entendre Gilles Bérhault qui anime le mouvement Stop Exclusion Énergétique avec Emmanuelle Béart et sa fondation. Ils apportent une aide considérable pour que les 12 millions de Français en précarité énergétique puissent être secourus, en particulier en formant et activant les ensembliers de proximité qui aident les familles à obtenir des aides (existantes mais complexes ou portées par des escrocs à la prime).
Pour les entreprises partageuses, c’est le thème du partage ce soir, Sophie Robert-Velut explique comment Mustela a mis la responsabilité sociale et environnementale en tête de sa stratégie de développement à long terme, en bannissant des produits polluants comme les lingettes même si cela laisse des concurrents en profiter. Comme la loi l’impose, l’entreprise calcule et publie son bilan carbone et travaille à répartir le carbone sur chacune des 60 références de produits pour montrer comment chaque entreprise peut tenir son registre carbone proposé par le mécanisme du compte carbone.
Emery Jacquillat, patron de la Camif, rebondit sur le fait que Mustela fait partie des près de 1000 entreprises à mission pour l’expliquer en tant que coordinateur national du Mouvement des Entreprises à mission. (Enregistrement audio ICI)
Le statut des entreprises à mission a été défini par la loi PACTE et s’appuie sur l’article 1533 du Code civil comme quoi chaque personne morale est responsable des dégâts qu’elle peut engendrer à l’environnement.
La Camif (elle-même est une renaissance de l’ancienne coopérative des enseignants) s’est énormément développée par le choix du made in France (et l’Europe) et le service aux clients avec les produits bio-sourcés. La Camif est mûre pour le suivi carbone de ses fabricants pour demain tenir le registre carbone. Extrait audio (les précédentes interventions n’ont pas été enregistrées).
La parole est alors donnée aux jeunes de l’alliance des générations pour le climat à commencer par la jeune Grissel Meneses ambassadrice du climat pour la Commission européenne (Green Deal) et Arthur et Pierre qui expliquent comment tous doivent militer pour viser l’équilibre climatique en 2050. Une question de la salle : « comment intégrer les écodélégués de tous les collèges de France ? » C’est effectivement le bon niveau de prise de de prise de conscience et de diffusion aux parents il est proposé de faire diffuser une copie du documentaire BFM. (enregistrement audio ICI)
Comment faire ? une proposition émane des CRD, son président lyonnais Louis-Marie Blanchard est en visio en raison de la grève des trains, pour proposer une opération de convention nationale de citoyens tirés au sort pour définir les modalités de cet équilibre climatique à obtenir avant que la planète ne devienne inhabitable.
Louis-Marie Blanchard propose que sous l’appellation des Décarbonautes, son organisation prestataire de conventions, les CRD (pour citoyens pour le renouveau de démocratie) organise cinq collèges de parties prenantes avec un comité de pilotage incluant le spécialiste des consultations massives OSP (Open Source Politics) et l’alliance du compte carbone et ses membres volontaires.
Le montage nécessite des financements qui restent à trouver et une trentaine de bénévoles dont la moitié sont déjà en action.
Adrien de Open Source politique (présent dans la salle) précise qu’ils utilisent une technologie transparente du nom de DECIDIM pour garantir l’absolue transparence du mécanisme.
Les questions de la salle et des participants à distance montrent l’intérêt porté à ce projet de consultation large. (Visio enregistrée ICI)
Un des contributeurs Pierre Henry émet l’hypothèse d’une convention à double détente avec un premier temps visant le lancement d’un référendum comme illustré dans le film de BFM, ce référendum déclenchant alors une convention de décarbonation pour décider démocratiquement des modalités de mise en œuvre.
L’alliance du compte carbone inclue aussi des alliés internationaux comme Ecocore en Grande-Bretagne et Together pour les cinq continents.
Place au président de Together, Samuel Thirion le grand témoin ( Alain Karsenty du Cirad a dû repartir en raison d’une dysenterie qui l’empêchait d’intervenir)
Pourquoi l’international : le problème climatique est mondial et plusieurs partenaires potentiels nous reprochent que le compte carbone ne s’appliquerait qu’à la France, pourquoi pas un mécanisme européen ? La raison vient des disparités entre pays, comme l’avait rappelé le directeur du climat au Conseil européen lors des Assises du climat 2021 son pays la Slovaquie émet 6 tonnes par personne et parents pour la France est à 9 et l’Allemagne à 12 alors nous avons calculé les taux de réduction annuel que devrait appliquer chaque pays pour l’équilibre planétaire en 2050. Les résultats sont surprenants, comparé au 6 % français l’Allemagne ne serait qu’à 7 % et les USA pourtant à 19 tonnes par an et par personne non besoin que de 8 % de réduction annuelle.
Samuel Thirion expose alors comment s’inspirer des réussites des pays en voie de développement qui ont intégré l’équilibre climatique dans le développement. Together rassemble des pays de tous continents avec en particulier des pays lusophones intégrant le Brésil ou le Cap Vert, ces derniers ont développé depuis des décennies une démocratie partant du territoire avec organisation responsabilisante, ce modèle d’organisation était diffusé pour le renouveau de la démocratie.
Pour le climat, il est rappelé qu’après plusieurs années de mécanisme de compte carbone, les pays vont converger entre eux et qu’il y aura avant 2050 un dispositif de comptage carbone mondial (voir dans la foire aux questions du site compte carbone.cc).
Sur le chapitre déploiement et pédagogie nous avons trois ONG qui apportent des contributions majeures, Allocation climat, e-graine et Pacte civique : Allocation climat est représenté par Thomas Castejon son trésorier et François Brun son conférencier, l’association est dédiée à l’avancement du compte carbone et a été créée spécifiquement à partir des travaux d’une branche des Shifters majoritairement toulousains à l’initiative de Vianney Languille pour élaborer un dossier de faisabilité qui a été présenté en 150 pages au mouvement national des Shifters, il est disponible sur le site web et dans les ressources du compte carbone. Thomas et François nous donnent sur l’estrade un duo très explicatif sur les avantages du mécanisme : ils n’hésitent pas à rappeler que si la Taxe carbone visait l’efficacité il lui faudrait une valeur de 2000 € par tonne CO2 qui augmenterait le prix du jeans de 60 €. Leur texte ICI.
Ils proposent une politique de conférences dans toutes les grandes écoles, ce que saluent les universitaires présents dans la salle. (Visio ICI)
François Bernard explique que e-graine est un réseau de diffusion de connaissances partout en France et vise à impliquer tous les relais pour faire jaillir les évidences portées par le film BFM.
Henri Zimnovitch présente le Pacte civique comme le réseau d’acteurs de la transition, il s’appuie sur les deux mots principaux de démocratie et de sobriété, il s’adresse aux collectivités locales pour les renforcer dans leur responsabilité vis-à-vis des générations futures, il vise une économie du partage et de l’équilibre.
Pour clore ce chapitre du déploiement et partage, il faut présenter le jeu des 8 familles pour lequel Annabelle Berger fait travailler un graphiste (probono) pour élaborer un jeu de cartes à mettre entre toutes les mains. Son concept serait proche de la fresque du climat en tant que support de discussion et de prise de conscience.
Les fiches présentées s’appuient sur la sélection des 8 profils que nous avons évalué en carbone en 2022, en 2035 et 2050. L’évaluation prend en compte l’effet levier de décarbonation qu’ont intégré les chefs d’entreprise présents : l’étiquetage de tous produits et services va stimuler l’innovation des entreprises pour réduire le carbone… pour faire mieux que les concurrents.


Questions provenant de la salle : Bertrand Séné (auteur d’Ecosophia sur la création monétaire) commente le film BFM (à voir absolument) et insiste sur la nécessité du référendum.
Une question sur risque que les riches abusent de rachat, Pierre Calame répond ICI.
Pour les prochaines dates, des réunions préparatoires d’ateliers de poésie du climat seront proposées en janvier pour préparer le concours international de slam de poésie du climat, qui sera finalisé du 15 au 22 mai 2023.
Pour le jeudi 9 février, ici, l’Académie du climat a validé la date de notre prochain colloque avec quelques ténors, nous hésitons entre deux titres :


Le mot de la fin revient à Pierre calame pour rappeler que le climat n’est qu’un pas vers la responsabilité planétaire autant sur l’eau, les plastiques, la biodiversité et qu’il faut que nous le traitions démocratiquement avant qu’on nous l’impose par la barbarie.