Une descente CO2 pas si facile
Reprenons l’image-symbole qu’a publiée Novethic pour expliquer comment nombre d’entreprises sélectionnent leurs activités et choisissent de renoncer à certains produits polluants ou générant trop de transport.
Mais l’analyse des difficultés vient de François Gémenne dans un billet Linkedin : il se désole que les électeurs ne prennent pas compte des avis du GIEC et de l’accord de Paris qui devrait nous inciter à voter pour le climat, ce qui n’a manifestement pas été le cas le 10 avril. Faut-il remettre en cause l’Accord de Paris ? Laisser advenir un réchauffement porteur des pires cataclysmes et migrations sources de barbarie ? Il dit « Je ne pense pas qu’il soit possible de convaincre une majorité de gens de voter pour un programme compatible avec l’Accord de Paris. On touche ici aux limites de la démocratie, je crois. Dans toutes les classes d’âge, le vote contre les objectifs de l’Accord de Paris (conscient ou non) est majoritaire, même chez les jeunes. Il faut être lucides. S’il fallait élire un président écologiste, c’était maintenant. Dans 5 ans, il sera trop tard pour rectifier le tir. Le GIEC est très clair à ce sujet. Ce n’est pas spécifique à la France : dans tous les pays industrialisés, les électeurs ne souhaitent pas donner la priorité au climat, c’est tout. C’est un choix de civilisation. Ce choix me désespère, mais c’est la démocratie. Il faut se préparer à +3,5° / +4 °, d’urgence. »
Ensemble il faut dépasser les différences
C’est ce que l’Institut Compte Carbone prépare pour le 14 mai avec un colloque de rassemblement et d’action, pour faire le point des soutiens et des réticences, envisager les possibilités de prototype, de référendum, de convention citoyenne de décarbonation, réfléchir à l’acceptabilité et obtenir les soutiens des gestionnaires.
Pierre Calame et Côme Girschig ont validé la date, les autres intervenants sont en cours de discussions, la salle est réservée à l’Académie du Climat et la séance sera en duplex visio.
Rationnement-partage : un appel de Pierre Calame
Déjà des dizaines de signataires à l’appel de Pierre Calame ci-après :
Appel au rationnement de l’énergie fossile
Le dernier rapport du GIEC vient de paraître, avant même que ne reviennent les hirondelles. Annonce-t-il pour autant le printemps ? Rien n’est moins sûr. Il répète qu’il faut agir et agir vite et fort, « immédiatement car dans trois ans il sera trop tard ».. Mais comment le faire ? Trente ans qu’on tourne autour du pot, qu’on décrit de belles stratégies qui ne se réalisent jamais, qu’on s’engage la main sur le cœur sur des objectifs suffisamment lointains pour que personne ne soit responsable de leur non-respect, qu’on prend prétexte de l’inaction des « autres » pour justifier la nôtre.
Poser dans les trois ans à venir des actes irréversibles. Chiche.
La question est très simple : notre responsabilité découle des émissions de gaz à effet de serre associées à notre mode de vie, à nos consommations, que ces émissions se produisent ou non sur notre territoire et sur le territoire européen. Plus de 40 % d’entre elles sont aujourd’hui émises hors d’Europe. Pour respecter nos engagements internationaux, qui ne sont que le reflet de notre responsabilité à l’égard de la planète et des générations futures, nous devons réduire d’ici 2050 ces émissions de 6 % par an et s’y mettre dès l’an prochain. Le roi est nu. Le reste est de la littérature.
Cette exigence d’un plafond d’émissions a un nom : le rationnement. Imposons-nous ce rationnement par referendum. Notre démarche fera rapidement tache d’huile en Europe et dans le monde entier, tout simplement parce qu’au lieu d’incriminer les Chinois, les Saoudiens, les Indiens ou les Japonais pour leurs émissions de gaz à effet de serre découlant de ce qu’ils produisent pour nous, nous assumons pleinement nos responsabilités et nous demandons aux autres de faire de même.
Qui dit rationnement dit répartition de la rareté. Celle-ci doit être juste. Répartissons équitablement l’effort entre les citoyens en leur allouant à chacun le même quota d’émissions ; et que les plus frugaux tirent bénéfice de leurs efforts en vendant, à un prix de plus en plus élevé au fur et à mesure que les quotas se réduiront, leurs excédents à ceux qui choisiront de s’exonérer de ces efforts.
Donnez-moi un levier et je soulèverai le monde disait Archimède. Le voilà ce levier, aux mains du véritable patron, le citoyen et le consommateur. Car les producteurs devront chaque année apurer leur compte carbone, en ayant imputé à leurs clients autant d’unités de carbone qu’il leur en a fallu pour élaborer leurs produits. Le gaz à effet de serre devient une monnaie à part entière, allouée chaque année en quantité finie comme au Monopoly. Plus besoin d’une taxe carbone aux frontières, dont la compatibilité avec les règles de l’OMC est douteuse et qui n’a pas pour objectif de réduire sérieusement les émissions ; mais à la place l’obligation de traçabilité des émissions de chaque filière, comme on le fait pour la TVA.
Candidats à la magistrature suprême, la parole est à vous. Êtes-vous prêts à organiser ce rationnement et à le soumettre à referendum ? Ou attendez-vous pour agir de façon responsable que le énième rapport du GIEC nous dise que c’est trop tard ? Dans trois ans !!!
Signataires : Pierre Calame, Armel Prieur, Dominique Billy, Francine Depras, Kristina Hakala, Jean-Yves Pineau, Patrick Viveret, Richard Petris, Robert Justin, Corinne Lepage
Apportez votre soutien à l’appel en ligne sur www.ratio-climat.fr
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